Quand Isidore Peyre s’essaya en 1895 à Calvignac à la culture de la Vicomtesse Héricart de Thury, variété de fraisier recommandée par son frère travaillant aux Halles Centrales de Paris, il ne pouvait imaginer que dans la Vallée du Lot et en particulier à Caillac, on allait pendant plus de 50 ans, écrire avec la culture de la fraise et sa commercialisation, un des beaux chapitres de la vie agricole, économique et sociale du Lot. Fraisiculteurs, fraiseuses, syndicats et coopératives, transporteurs, expéditeurs ont fait les âges d’or de la « La fraise du Lot ».
La culture de la fraise dans la vallée du Lot, de Cajarc à Prayssac, a vu ses premières plantations établies en 1895, par Isidore Peyre à Calvignac, puis en 1903 à Caillac où, dit-on, « Octavie Grannot, de Calvignac » loua des terres au Mas de Laroque et y « planta elle-même les fraisiers ».

Séduits par les bénéfices de l’expédition des fraises aux Halles de Paris, les caillacois multiplient les plantations. L’extension de la culture conduit la commune, en 1908 à demander sa desserte par le bureau de poste de Mercuès et non plus, par celui de Douelle.
Les débuts de la fraisiculture et premier âge d’or
Marcelin Delrieu instituteur à Calvignac fut acteur de la création du syndicat agricole des producteurs de fraises de cette commune. Nommé à Caillac au cours de la première guerre mondiale il partage avec les producteurs locaux ses connaissances en fraisiculture et les incite à fonder leur syndicat.
Ernest Lafon témoigne dans son ouvrage de son influence.Au lendemain de la guerre, Caillac devient « le centre de production le plus important de la vallée du Lot » grâce à son terroir et à la proximité de la gare d’Espère qui permet des envois directs vers la capitale. Dés 1925 les wagons de fraises de la vallée sont groupés pour former des trains partant de Cahors ou d’Espère pour Paris.
L’importance des expéditions incite Caillac à demander en 1925 que la gare d’Espère soit désormais dénommée Espère-Caillac, parce que « beaucoup de négociants ignorant par quelle gare est desservi Caillac, envoient leur matériel soit à Cahors, ou bien à Douelle qui, n’étant qu’un arrêt ne reçoit pas de marchandise, d’où il résulte de graves inconvénients, perte de temps et souvent d’argent ». Malgré l’opposition de la commune d’Espère, la compagnie du Paris-Orléans valide la demande. Caillac obtient aussi en 1926, l’ouverture d’une agence postale avec téléphone.

Installée au restaurant de Fernand Nadal, elle facilite la vie des fraisiculteurs qui jusque-là se rendaient quasi quotidiennement à Douelle pour recevoir les télégrammes de leurs mandataires parisiens, les informant des cours de la fraise aux Halles, qui motivaient les envois des jours suivants.Caillac et la vingtaine d’autres villages dotés de syndicats communaux de producteurs pour faciliter les expéditions, connurent alors la prospérité.
La Vicomtesse Héricart de Thury, variété de fraisierappelée couramment Fraise du Lot, fit leur réputation. Très productive, aux fruits de très bonne qualité gustative, résistants au transport, ses plants pouvaient fournir d’excellentes récoltes pendant près de 15 ans sans être renouvelés. Sa dégénérescence à partir de 1932, oblige les associations de fraisiculteurs à se regrouper dans une Fédération départementale.
On s’oriente vers de nouvelles variétés, moins résistantes hélas au transport. « Le délai de 48 heures entre la cueillette et la mise en marché, faisait que certains lots un peu trop mûrs, arrivaient mal ». Sur intervention de la Fédération auprès de la Cie d’Orléans et de la Cie des Transports Frigorifiques « à partir de 1936, toutes les expéditions furent faites en wagons isothermes ». Le syndicat de Caillac présidé par Alban Bosc, a soutenu la création de cette Fédération dont Daniel Vernet devint président.
Avec la guerre, les problèmes de commercialisation dus à ceux du transport et la réquisition d’une partie de la récolte pour la confiture mettent un terme à cette prospérité. On arrache les plantations pour se tourner vers des productions vivrières. C’est en 1941 que l’Union des Syndicats Fruitiers de la Vallée du Lot (USFVL) avec les caillacois Léon Brugel, Alban Bosc et Laurent Fraysse Président, redonne essor à la fraisiculture…
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