Disciple de Claude Lévi-Strauss, Philippe Descola a été titulaire de la chaire d’anthropologie de la nature au Collège de France de 2000 à 2019. Ses travaux sur les relations entre humains et non-humains et sa critique du dualisme entre nature et culture reçoivent aujourd’hui un écho redoublé par la crise environnementale. Ses réflexions lui viennent notamment de son principal terrain d’étude effectué dans les années 1970 auprès des Jivaros Achuar d’Amazonie équatorienne, dont il a tiré le désormais classique Les lances du crépuscule publié dans la collection Terre humaine. La relation qu’entretiennent Philippe Descola et Anne-Christine Taylor, sa compagne également anthropologue, avec le Lot est moins connue. Ils y ont consacré leur tout premier terrain de recherche en 1973 et y reviennent régulièrement depuis. Dire Lot a rencontré Philippe Descola et Anne-Christine Taylor dans leur « refuge » quercynois, où ils ont accepté de partager leurs souvenirs d’un Quercy rural aujourd’hui révolu et leurs questionnements sur le Lot contemporain…
Comment vous êtes-vous retrouvés à effectuer votre tout premier terrain de recherche dans le Lot au début des années 1970 ?
Anne-Christine Taylor : Nous étions à l’époque étudiants, en première année de doctorat et il était demandé à tous les candidats doctorants de faire ce que l’on appelait un terrain didactique, histoire de montrer que l’on avait appris les bases du métier. Donc c’était un terrain nécessairement assez court et qui de surcroît n’était pas financé. A priori on cherchait près, plutôt que loin et il se trouve que les parents de Philippe, déjà bien avant, avaient acheté une vieille maison tout près d’ici.
Philippe Descola : Quand j’avais une dizaine d’années, au tout début des années 1960, mes parents ont acheté une ferme qui était à l’abandon, sur la commune de Pomarède. Ils l’ont retapée petit à petit. C’était une maison de vacances. Comme il fallait un terrain dans lequel on devait arriver à faire quelque chose en un mois, le fait d’avoir déjà des connaissances localement, nous a fait choisir le Lot. C’était très intéressant parce que Anne-Christine ne connaissait pas le village, on venait de se… poursuivez la lecture de cet article en vous procurant le magazine chez votre revendeur de presse dans le Lot ou dans notre boutique en ligne (en version papier ou pdf) ici : https://direlot.fr/boutique/direlot/direlot-257-janvier-fevrier-2021/
Texte Hélène Ferrarini – Photo © Claude Truong-Ngoc