En Quercy, deux cours d’eau majeurs : Lot, graphie fautive d’Olt, comme en attestent archives et toponymie, est la première rivière à avoir été aménagée pour la navigation. Nommons Merveille, la native d’Aubrac et plus au Nord Espérance, Dordogne née au pied du Sancy qui se hâte en Quercy pour se complaire en Périgord et rejoindre Garonne au Bec d’Ambès, porte de l’estuaire Gironde. De longueur quasi identique, 480 kilomètres, les rivales nourrissent l’histoire de la batellerie fluviale, florissante jusqu’à l’aube du XXème siècle où route et voie ferrée précipiteront à l ‘inéluctable chute de l’obsolète chaland.
Mais revenons ! Au temps des Gabares la vie des hommes s’organise sous la protection des églises, séculaires vigies, sémaphores de pierre d’un pèlerinage jusqu’à Bordeaux, opposant la verticalité de la spiritualité à la frugace horizontalité des sinueux et sournois méandres. Les longs bateaux à fond plat ne dépassent que rarement les vingt cinq mètres. Leur existence se limite assez souvent au temps de la descente de la rivière.
Débarrassé du fret, le nautonier vend l’embarcation au plus offrant comme bois d’oeuvre ou de chauffage. On économise ainsi « la remonte » coûteuse et lente par le halage. En fonction du courant la durée du voyage varie de quatre à cinq jours à la semaine. Appelées «couraux » en Basse Dordogne, « courpets » en Haute, « sapines pontées » dites « postes » ou « naus » sur le Lot, les gabares transportent charbon de l’Aveyron, merrains pour la confection des fûts, piquets, sable, pierre et autres produits industriels et agricoles.
L’équipage se compose de trois à cinq personnes, chacune a un poste attribué. Le capitaine est au « gober » (la barre), les matelots rament ou utilisent « l’astre » (grande perche) pour « dégager » le bateau et parfois la voile souvent carrée, lorsque le courant est stable à l’approche de ou dans l’estuaire.
La fréquence des accidents s’explique surtout par la période de navigation annuelle qui n’excédait pas cinq mois « de la Sant Martin (11 novembre) à la Sant Jordi (23 avril) », époque des hautes eaux et du plus gros débit. En clair, la saison des crues donc de tous les dangers.
A la rapidité du courant s’ajoute la charge rendant difficilement contrôlable le comportement des bateaux dans « les malpas » ou « rajols », à cause des « platans » (rochers immergés dont une partie se trouve sous l’eau provoquant des tourbillons), des «palas » (bancs rocheux) des « meilhes » (contre-courants), des « guerlous » ou « maigres » (passages étroits) sans parler des piles des ponts, murs d’écluses et chaussées encombrées de troncs ou autres gros objets flottants. Les départs se font en convoi au départ de Carennac ou Souillac, de Capdenac à Larnagol. Cinq à huit gabares se suivent à distance respectable.Suite et fin de l’article tres prochainement… patience !
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Texte A. Idez – DireLOT mag – Photos Laurent Delfraissy