En collaboration avec notre rédacteur Nicola Savy, Direlot magazine publiait voilà quelques années un dossier spécial consacré aux ravages de la peste dans la région au XIVème siècle… Lectures.
Comme si un malheur ne suffisait pas, les populations de l’ouest de l’Europe durent au XIVe siècle faire face à plusieurs fléaux en même temps : le premier, la récession économique, avait commencé vers les années 1280 dans le nord de la France avant de progressivement atteindre les provinces méridionales ; ensuite, les fortes pluies de l’année 1315, noyant les récoltes, avaient provoqué une famine générale et inauguré une séance d’incidents climatiques dévastateurs ; enfin, le déclenchement de la guerre de Cent Ans, en 1337, avait fini de noircir un tableau déjà bien sombre. Pourtant, quelques années plus tard, une nouvelle épreuve vint compléter ce tableau déjà catastrophique : la peste.
Cette maladie existait de façon endémique en Asie centrale et, en 1346, elle atteignit le port de Caffa (aujourd’hui Théodosie, en Crimée), une possession des Génois dont les bateaux desservaient une grande partie des villes bordant la Méditerranée. Ils la firent ainsi débarquer à Marseille en novembre 1347 et, de là, elle commença à se répandre dans tout le royaume de France. Elle y trouva un terrain favorable à son expansion : les populations étaient affaiblies par les famines à répétition dues aux accidents climatiques et, en Quercy notamment, elles l’étaient tout particulièrement suite aux violentes pluies qui, en février précédent, avaient duré plus de trois semaines de façon ininterrompue en noyant les semis et ruinant les récoltes du printemps suivant.
« A Martel, les consuls effrayés interdirent aux habitants d’aider à enterrer les morts… »
La peste arriva à Toulouse en avril 1348, atteignit sans doute le sud du Quercy vers la même époque, puis le nord quelques jours ou semaine plus tard. Si l’on en croit les textes, c’est durant les mois de juin et de juillet que la maladie fut la plus virulente, car les mentions de décès et de sépultures sont particulièrement nombreuses, notamment à Cajarc ; les plus faibles, enfants et vieillards, payèrent le plus lourd tribu. Les gens perçurent rapidement les effets de la contagion et commencèrent à limiter tous leurs rapports sociaux, qu’ils soient familiaux, amicaux ou professionnels ; à Martel, les consuls effrayés interdirent pour cette raison aux habitants d’aider à enterrer les morts et bannirent durant un mois l’un de leur concitoyen qui, inconscient, était passé outre cette interdiction. On ne sait combien de temps dura exactement l’épidémie, mais il semble qu’elle se calma à partir du mois de septembre.
Le nombre de morts est inconnu, mais il fut très important, atteignant sans doute le quart de la population dans les villes et les bourgs, qui avaient de plus été désertés par les survivants soucieux d’échapper à la contagion. Certaines mentions documentaires nous permettent cependant de nous faire une idée des vides ainsi créés : en 1349, le lieutenant du roi en Languedoc qualifia Cahors de « désert désolé », tandis que l’année suivante les consuls de Martel affirmèrent que leur localité avait un grand besoin de maîtres artisans et d’ouvriers suite aux pertes subies par ces catégories professionnelles durant la peste. Les textes nous montrent aussi tous les problèmes engendrés par… accompagnez nous en vous abonnant à DIRELOT ou en commandant nos magazines en version papier ou PDF directement dans notre boutique en ligne.
Auteur de l’article : Nicolas Savy