Plus qu’une marque de cahier d’écolier, la trace d’un parcours écrit à l’encre de Chine. Indélébile. Nom propre fabriqué par association. On subodore, outre la propreté d’un terme bon chic, bon genre, la naïveté assumée d’un pléonasme du parler enfantin. Clairefontaine, c’est un peu comme « monter en haut », au septième ciel avec sa myriade de connotations affectives ou culturelles.
Qui dit Clairefontaine, vit Clairefontaine, voyage bien au-delà de l’outil que demeure un cahier. Claire, la féminité, la lumineuse transparence, la pureté nue à la source de toute vie. Préciosité de l’élixir. On se dénude pour l’accueillir. Nonchalence lascive d’Eve à la toilette qui pose, se sachant vue dans le plus simple appareil de l’innocence, en parfaite adéquation avec la nature environnante.
Rentrée des classes fin septembre 1949. Cinq ans et demi. On arrache enfin des jupes maternelles l’aîné de la maison, jouet choyé de la famille Lafaurie de Souillac et de ses trois filles. C’est sur un Clairefontaine vert d’eau, à double interligne qu’il s’essaie à la graphie de bûchettes. Au tableau noir, le modèle : première ligne barres verticales, bien droites, deuxième ligne barres penchées à droite, troisième à gauche. Bien propre, cheveux gominés, raie nette, culottes courtes, blouse et chaussures neuves.
Fier. On sauce la Sergent-Major du porte-plume dans le col blanc de bakélite frileusement cerclé d’un rond de laine tricotée. Buvard sous le coude, maintenu à mi-page, langue tirée comme il se doit, on se hâte lentement pour ne pas faire de pâtés. Plume gratte, grince. Odeur de l’encre. Cent pas de la maîtresse entre les rangs. Voisin à droite, voisine à … Des lectures lotoises par centaines des reportages à foison, abonnez vous à DIRELOT Magazine : https://direlot.fr/boutique/abonnements/abonnement-6-numeros-hors-serie/