Texte Alain Idez – Photo Laurent Delfraissy
On est venu de loin, coupable nostalgie, humer, ce dimanche d’octobre, l’iode encore si fraîche des beaux jours révolus…Souvenirs exhumés… et l’on se tient la main, regards perdus à l’horizon lointain. Rentrons, chéri, veux tu ! On ne prolonge pas l’été. Est ce encore sa lumière illusoire qui étire sans fin sous l’Arche du Temps les projets murmurés ? Houle et ressac complices se plaisent à brouiller dérisoires paroles et songes avortés. A l’instar de la nuit qui grignote le jour, l’ombre gagne inéluctablement. Chapeau, blouson, manteaux et bottes hèlent en vain le rêveur oublieux. On rentre, c’est promis, avant qu’il ne soit nuit et qu’on ne prenne froid. Un louable sursaut de religieuse ferveur capture pour l’album intime les rais mourants de l’or qui traîne sur la mer et les pavés du port. Ce sont les mêmes lieux mais dans un autre Temps. Rien n’est fini pourtant, tout recommencera…
En Quercy revenus, blottis, auprès de l’âtre…Crépitent de concert chêne du Causse et châtaignier du Ségala…Plaid de laine sur les genoux, savourons le bol de bouillon chaud qui dégourdit les doigts, restaure corps et coeurs d’amertume meurtris, abusés une fois de plus par la pantomime des Saisons.
“Je crois que l’homme rêve pour ne pas cesser de voir.
Il se peut qu’un jour la lumière intérieure jaillisse de nous,
si bien qu’aucune autre ne nous serait plus nécessaire.”
Goethe