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Mystères et vertiges du gouffre de Padirac, la brèche miraculeuse / Première partie

par Vincent Besserve 17 janvier 2022

Caverne la plus visitée de France, la seconde en Europe, Padirac a entamé depuis deux décennies sa reconversion en fleuron culturel du patrimoine quercinois. Evolution scénographiée de ses visites-découvertes, politique d’édition ou pédagogie environnementale, c’est par l’événementiel et les produits dérivés que la PDG de la Société d’exploitations spéléologiques de Padirac, Lætitia de Ménibus-Gravier, lui construit sa nouvelle modernité.

Avec cette formule, “une belle nostalgie du futur”, qu’elle reprend volontiers de l’architecte Philippe Bergès. Pour l’avenir et dans l’objectif de la réhabilitation du site, elle caresse l’ambition d’un centre d’interprétation et de réappropriation entre nature et tradition, le classement de l’intégralité du réseau hydrographique de la cavité (dont les 20 kilomètres de la rivière souterraine), et l’inscription en association avec Rocamadour au titre de Grand site de Midi-Pyrénées. Depuis sa découverte jusqu’à son revival, voyage historique et “introspectif” de la brèche miraculeuse, dans l’antichambre et les corridors du centre de la Terre.

1896 : fortes fortuna juvat…

La chance sourit aux audacieux ! Avocat et explorateur passionné de grottes et de gouffres – il a déjà parcouru 230 cavernes de 1888 à 1893 -, Edouard-Alfred Martel est alors préoccupé de réunir les fonds nécessaires à l’aménagement du “puits de Padirac” pour l’accueil du public, soit l’énorme somme de 70 000 francs pour l’époque. Alors que le spéléologue vient à peine, et avec quelles difficultés, de boucler le rachat des terrains correspondant à l’emprise de la cavité (quinze propriétaires circonvenus au bout de six ans grâce au concours de l’abbé de Laroussilhe, curé de Padirac), il désespère de convaincre des financiers précurseurs pour ce mécénat d’un genre nouveau. La petite histoire a voulu que ce jour de 1896, trop absorbé peut-être par la gravité de sa situation, il ait oublié dans un fiacre parisien sa mallette contenant les plans du gouffre ! Heureux hasard, le client suivant, George Beamish, héritier de la très célèbre brasserie irlandaise de Cork Beamish & Crawford, fondée en 1792, mais également administrateur de la société de publicité Diurne et Nocturne et de la Compagnie générale française de tramways, découvre les documents et les restitue à leur propriétaire, non sans se faire exposer les grandes lignes du projet. Séduit, l’Irlandais apportera son concours précieux : “vous avez décidé d’exploiter Padirac, j’ai l’argent” ; et la Société anonyme du puits de Padirac verra le jour l’année suivante.

La première inauguration de la grotte aménagée aura lieu le 10 avril 1899, après sept mois de travaux et cinq d’ouverture au public, mais sans la présence de son bienfaiteur Mr Beamish, terrassé au cours de l’hiver d’une grave maladie. C’est son fils William, rappelé du Laos où il était maître de cérémonie du roi, devenu nouveau dirigeant de la société Diurne et Nocturne, qui présidera à la propagande éclairée du Gouffre par une campagne d’affichage publicitaire sur la ligne ferroviaire Paris-Orléans. Il sera administrateur de Padirac en 1920, puis président à la mort de Martel en 1938… Succédant elle-même à son grand-père Jacques Requichot, disparu en 2003, Lætitia de Ménibus-Gravier n’est autre que l’arrière petite-fille de William Beamish par sa mère. Elle accompagne la “troisième chance” du Gouffre.

La part des légendes

Incontestablement le mystère ou la magie se sont emparés de la chose. Curiosité géologique d’un diamètre de 35 mètres et profond de 50, le “puits” de Padirac, pout en patois, gouffre ou igue comme on le nomme sur ces causses quercinois, s’il s’explique scientifiquement par l’effondrement de la voûte d’une rivière souterraine, dénote déjà dans sa définition du dictionnaire quelque étrangeté : gouffre, cavité où l’on est englouti ! C’est bien là ce qui fit travailler la tête des braves bergers caussenards de jadis, qui voyaient disparaître certaines de leurs brebis dans ce trou insondable, accusé aussi d’attirer de pauvres âmes errantes ou des promeneurs égarés nuitamment. Au point de le confondre avec la bouche du Diable ou quelque porte dérobée de l’Enfer.

La légende est ici bien connue du défi lancé une nuit à saint Martin, triste et chevauchant sa mule, par Satan lui-même portant son pesant d’âmes damnées récoltées dans ce rude pays. Le Malin d’un coup de talon violent fit surgir le gouffre, telle la trappe profonde de son royaume maudit. Et de dire à l’attention du saint : ”franchis cet abîme d’un seul bond avec ta pauvre monture, et je te céderai les âmes perdues de ces paysans, faute de quoi ils iront brûler en Enfer !” Rassemblant son courage et recommandant à Dieu sa vie, il éperonna sa vieille et fragile mule qui, effrayée par la béante promesse de sa chute, concentra ses forces, fit un saut prodigieux et vainquit l’obstacle. Atterré, courroucé puis humilié, le Démon préféra se jeter soi-même dans l’aven, déclenchant un fracas résolutoire et laissant dans la roche de part et d’autre de ce “Pas du Drac”, les empreintes des fers de la mule comme témoins du prodige.

Depuis lors, la vision du gouffre, son évocation même, n’avaient cessé de convoquer toutes les fantasmagories et autres légendes, comme ces contes traditionnels de Jean de l’Ourse ou de La Dame blanche et ses fatsilières. Quand de sourds et telluriques grondements émanaient du plus profond des causses, quand des filets de brume venaient cerner le contour des igues, ne pouvait-on y voir l’agitation tourmentée des damnés sur les rives d’un affluent du Styx, ou comme l’haleine du Diable en son terrier ? Didier Dubrana dans son Gouffre de Padirac (hors-série Découvertes, Gallimard, 2013), le traduit ainsi : “en ces temps lointains, le Gouffre de Padirac cristallise non seulement les sels calcaires et la roche, mais aussi la peur des villageois”.

Mais, et comme la nature en Quercy ne va pas sans un souci d’équilibre, ce que Satan fit naître de vertiges et d’obscurité par cette métaphore des abîmes, une force du Bien la modela en réplique d’élévation et de lumière, au sanctuaire tout proche de Rocamadour. Ainsi, pour répondre à l’inquiète crédulité des lointains pasteurs du causse, fallait-il une rayonnante falaise à gravir par des marches de félicité…

La découverte du “Monsieur qui voyage dans les trous”

C’est sur les conseils de son ami illustrateur, voyageur et ethnographe Gaston Vuiller (1845-1915), lequel y prévoyait l’existence d’une rivière souterraine, qu’Edouard-Alfred Martel délaissa provisoirement les grands causses aveyronnais pour visiter ceux plus modestes du Quercy, en projetant de découvrir le mystérieux puits de Padirac, qui “fascine et effraye”. A trente ans, cet esprit moderne et rationnel, alliant agilité sportive et curiosité scientifique, n’avait sans doute que faire des calembredaines colportées autour du “trou”, pas plus que de la rumeur d’un hypothétique trésor jeté cinq siècles auparavant par les troupes du Prince Noir, fils du roi d’Angleterre Edouard III, ennemi du royaume de France, vainqueur de Crécy et auteur de l’humiliant traité de Brétigny, durant cette fameuse guerre de Cent Ans. L’avenir prouvera que Martel devra hélas prendre en compte cette légende. Plus tard, sensible à la magie des lieux, il décrira aussi dans Les Abîmes, “des régions merveilleuses qui ne peuvent être habitées que par les fées”.

Ainsi le 9 juillet 1889 à 14h00, entouré de ses compagnons d’aventure Gabriel Gaupillat, Emile Foulquier, Louis Armand et de six manœuvres, fort de 400 kilos de matériel dont une échelle de corde avec escarpolette, des bougies, des lampes à magnésium, d’un téléphone magnétique d’avant-garde, d’une trousse de secours et de papier d’Arménie pour désinfecter l’atmosphère, Martel entamait la descente sous l’œil interrogateur de spectateurs curieux de ce “Monsieur qui voyage dans les trous”. 180 échelons et 8 minutes lui suffirent à toucher le sol. Avant lui quelques ouvriers salpêtriers téméraires au XVe siècle, le comte Murat et M. de Salvagnac en 1865, et peut-être un commissaire de police pour y remonter un cadavre, avaient-ils également goûté ces profondeurs sans y découvrir de rivière.

Les quatre “mousquetaires”, passée la galerie du Trou du Diable – ce sera bientôt son nom -, ne tarderont pas, eux, à y découvrir le ruisseau à 100 mètres de profondeur. Les jours suivants, 10 et 11 juillet, 25 heures durant et sur environ 1 650 mètres, ils découvriront émerveillés les féeries baptisées depuis galerie de la Fontaine, rivière Plane, lac de la Pluie, Grande Pendeloque (coulée calcique de 60 mètres, la plus grande au monde dans une grotte aménagée). Pour franchir les 32 gours, ces barrages minéraux qui obligent à débarquer, l’osgood, canot portatif léger et démontable de fabrication américaine, fut un précieux allié, et souple “comme un crocodile”, pour se glisser dans les étroitures. Ce surnom lui fut donné par Martel à la suite de l’incident du 10 juillet où, à la sortie du lac des Bénitiers, piégés par l’étau de deux grandes stalagmites, ils devront Gabriel Gaupillat et lui, plier les bords toilés de l’esquif. Cette passe est d’ailleurs depuis dénommée Pas du Crocodile (91 centimètres de large, l’osgood n’en faisant que 90 !).

Reprise de l’exploration le 9 septembre 1890. A la clef cette fois, de nouvelles splendeurs, qui seront la salle du Grand Dôme et son lac supérieur. Jusqu’en 1900 et au seuil de la Grande Barrière, dernier terme accessible aux moyens techniques de l’époque, les expéditions du spéléologue et de ses comparses ne parviendront pas à dissiper cette interrogation : où mène la rivière, où finit-elle ? Une question que plusieurs tentatives de coloration à la fluorescéine en 1890, 96, 98 et 99 laisseront sans réponse. Il faudra attendre 1947 et l’expérience du CNRS avec Guy de Lavaur, pour voir resurgir des traces de colorant dans la vasque de Saint-Georges à Montvalent, sur la rive gauche de la Dordogne distante de 11 kilomètres à vol d’oiseau. Vers cette extrémité de la Grande Barrière, le dédale de la galerie de la Fatigue, du lac du Découragement et du lac de la Fin, en dit long sur l’esprit de finitude qui habitait cette période à l’orée du siècle suivant. On prêta à Martel cette pensée immédiate, faire partager au public les merveilles cachées de ce lieu. L’aménagement de la grotte de Padirac, passée la cartographie de sa rivière, sera l’étape suivante, enthousiasmante mais non moins difficile.

Deuxieme et dernière partie de l’article à découvrir dès lundi prochain.

Textes Philippe Pierre / DireLOT

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