Au-delà de la prise de conscience de ses atouts patrimoniaux et environnementaux, le Lot passe d’une logique de préservation à celle de la construction. Ponctuée de mobilisations et d’initiatives centrées sur les attentes du quotidien, cette trajectoire décline une approche de la ruralité à dimension humaine, ancrée dans notre temps, qui pourrait s’installer comme une alternative durable, attractive et innovante au modèle urbain.
« Nous habitons à seulement 250 m d’un petit village, mais la maison est en contrebas. Bilan : ni réseau mobile, ni ADSL digne de ce nom. J’ai dû prendre le satellite… ». Témoignage lotois du 21e siècle. Ou comment illustrer la vertigineuse évolution des préoccupations quotidiennes en seulement trente années. Inimaginable lors du lancement du DireLot – à l’ère du Minitel -, la question du numérique n’est sans doute pas représentative de la situation du Lot. Elle est, néanmoins, la digne héritière d’une problématique récurrente de la ruralité, celle de la « fracture ». Les zones blanches de l’Internet, qui touchent certains territoires lotois, sont aujourd’hui considérées comme un frein à leur développement, du fait de la faible attractivité qui en découle.
Dans un éditorial publié en avril 1997, Guy Pautis, alors directeur de la rédaction de DireLot écrivait : « Dans l’épreuve qui l’attend pour assurer sa survie sans perdre son âme, le Lot dispose d’une valeur, la ruralité, et d’un atout, son réseau de petites et moyennes entreprises bien placées dans leurs secteurs d’activité. On ne voit pas clairement aujourd’hui comment va évoluer le contenu social de la ruralité, mais on sent confusément qu’il faut à tout prix en préserver l’essentiel pour saisir avec profit, dans dix ou vingt ans, les effets d’un inévitable retournement. » Vingt ans, nous y voilà.
« On ne résiste pas pour une logique comptable, mais humaine. »
Attrait hier, attractivité aujourd’hui… Le « contenu social de la ruralité » évoqué par Guy Pautis couvre bien entendu toutes les facettes de la vie quotidienne. Parmi ces composantes, l’école tient un statut particulier. En témoignent les multiples actions menées par les parents et élus locaux tout au long des dernières décennies, notamment face aux fermetures de classes et d’écoles. Au-delà de l’érosion, dénoncée par ailleurs, des services publics, c’est la défense d’un véritable ancrage social de l’école qui s’exprime. « En quelques décennies ; la demande vis-à-vis de l’école s’est élargie », souligne Marthe Bonnet, ancienne directrice d’école à Cahors. « Nous avons dû intégrer une évolution du contexte social avec davantage de familles monoparentales et des parents confrontés à des problèmes d’emploi, de déplacements, de santé… Fort heureusement, nous avons eu la chance de bénéficier de formations régulières et de qualité organisées par des professeurs de l’IUFM soucieux de nous associer à l’évolution des pratiques et des connaissances. Je ne suis pas sûre que cela soit le cas aujourd’hui. »
La suite de cet article… dimanche prochain sur le www.direlot.fr