Textes : Pierre Leconte – DireLOT
Depuis la nuit des temps l’Homme explore la terre pour nourrir la vie. Des pionniers de l’antiquité aux hydrogéologues d’aujourd’hui, les chercheurs d’eau ont contribué à l’installation de la société au cœur des Causses du Quercy. Laissant des traces dans le paysage comme dans l’imaginaire collectif. Embarquement immédiat pour de grandes et petites histoires d’eau lotoises. Où il est question d’un curé hydroscope, d’une déesse gauloise et d’un aqueduc romain, mais aussi de puits, igues et dolines, de gouffres et légendes… jusqu’à la liberté retrouvée du – joliment nommé – ruisseau du Goutepeyrouse.
« Serait-il possible, que Dieu eût abandonné à jamais tant d’infortunées populations aux angoisses de la soif ! Ne serait-il pas possible de trouver dans ces malheureuses contrées des sources, fussent-elles très profondes. ». Sensible aux inquiétudes de ses paroissiens, l’abbé Paramelle n’imaginait sans doute pas où cette préoccupation, toute compassionnelle, allait le conduire.
Natif de Felzins, paisible village niché entre Lot et Célé à l’amont de Figeac, le jeune Jean-Baptiste Paramelle est issu d’une famille très chrétienne. D’où son passage au petit séminaire de Cahors, sa prêtrise à l’âge de 25 ans et sa nomination à la paroisse de Saint-Jean-Lespinasse non loin de Saint-Céré. Explorant alors le majestueux cadre des Causses du Quercy, le jeune curé se découvre une égale passion pour l’histoire locale et la géologie. Une géologie bien balbutiante, car nous sommes dans les années 1820 ; il y a tout juste deux siècles. Sa curiosité et sa constance le conduiront pourtant à jouer un rôle tout à fait singulier en ce domaine, avec, sur sa carte de visite, l’étrange et inédite fonction d’« hydroscope ». De chercheur d’eau.
Décrypter la nature et l’inclinaison des terrains cachés
Le moyen de découvrir les sources le plus en vogue à l’époque est celui de la fameuse « baguette divinatoire » du sourcier. L’abbé Paramelle ne la réfute pas et tente l’expérience. « Quoique j’aie opéré bien des fois avec toutes les précautions prescrites, et que je sois passé et repassé sur des cours d’eau souterrains dont le conduit m’était bien connu, je n’ai jamais remarqué que cette baguette ait fait d’elle-même le moindre mouvement dans mes mains. », souligne t-il en préambule du manuel « L’art de découvrir les sources » qu’il rédigera à l’usage de tous bien plus tard. Allant jusqu’à observer plusieurs douzaines de « bacillogires » des plus renommés, il conclut que cette baguette « tourne entre les mains de certains individus doués d’un tempérament propre à produire cet effet. ». Et se tourne lui-même vers une approche personnelle et pour le moins innovante…
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