Si Philippe-Auguste, le grand-père de Louis IX, affirme, dès le début du XIIIe siècle, comme un principe de gouvernement, le lien entre le pouvoir religieux et le « roi très chrétien », il revient à son petit-fils, Louis IX, né le 25 avril 1214, de marquer, par son engagement personnel dans l’exercice de la royauté, la pleine affirmation d’un idéal chrétien visant à faire du royaume terrestre l’image de la cité de Dieu.
Quelques bribes sur l’enfance de Louis sont connues principalement par le récit de Guillaume de Saint-Pathus, confesseur de la reine Marguerite de Provence, épouse du roi: ce temps ne fut pas passé « vainement », sous-entendu en jeux et amusements enfantins, mais « très saintement ». Instruit dans la foi chrétienne, Louis pratique abondamment dévotions et exercices de piété quotidiens, s’éloignant déjà du monde en son jeune âge jusqu’à en refuser les divertissements les plus plaisants. Il préfère aux chants des troubadours les antiennes à Notre Dame, ne semble pas avoir aimé la chasse, l’un des plaisirs les plus prisés des princes. Il est néanmoins un enfant au caractère affirmé et son précepteur a parfois recourt aux châtiments corporels pour lui faire entendre raison. On connaît bien, pour ces jeunes années du futur roi, le rôle majeur de sa mère Blanche de Castille –« courage d’homme en cœur de femme »-, elle qui l’aurait plutôt laissé mourir que de l’entendre offenser Dieu. L’idéal d’une vie s’est sans doute formé ainsi, à espérer le royaume céleste en administrant chrétiennement celui de France.
Les récits des chroniqueurs et des hagiographes abondent en détails sur les dévotions personnelles de Louis devenu roi à douze ans, sur ses renoncements et ses sacrifices : modestie vestimentaire, frugalité, abstinence régulière malgré l’affection éprouvée pour sa jeune épouse. Le roi, pourtant d’un caractère joyeux, au moins dans ses jeunes années, se contraint à ne pas rire le vendredi, en mémoire de la Passion de Jésus. L’existence du souverain est tournée vers la prière, l’ascèse, la volonté de supporter la souffrance au nom du Christ. De la pratique personnelle de privations, de pèlerinages ardus, comme de celle des peines endurées lors des désastres militaires en Orient, de la perte de ses proches et de ses hommes qu’il pleure, à l’humiliation de la captivité et du retour en pénitent, jusqu’à son lit de cendres sur le sable de Tunis, il se destine au martyre par l’intensité de sa préparation matérielle et morale à la mort. Louis IX met au service de Dieu le plein exercice du pouvoir dévolu au roi de France. L’indéniable force de sa foi accompagne son habileté à œuvrer pour le bien du royaume et de son peuple, dans un souci de paix et de justice. Cette exemplarité sera mise en exergue au cours de la procédure de canonisation, entre 1273 et 1297.
Dévotions et pèlerinages de Louis IX dans le royaume de France
On peut sans conteste dire de Louis IX qu’il est un roi itinérant en son royaume. Il possède de nombreuses résidences en Ile de France. Il y séjourne toujours en famille : Blanche de Castille, sa mère et régente jusqu’à sa majorité en 1234, ses frères, sont de tous les voyages. Son épouse Marguerite l’accompagne sans doute, mais est moins souvent cités dans les récits officiels. Sa position dans l’entourage du roi est jugée, à l’époque, subalterne. Il en est de même pour les jeunes enfants, qu’on ne mentionne guère que lorsqu’ils ont atteint un âge leur permettant de s’afficher comme continuateurs de la lignée. Ces séjours offrent au roi l’occasion de rencontrer son peuple et aussi de recevoir les hôtes étrangers de haut rang en divers lieux du royaume. Paris n’est pas encore le cœur du pouvoir politique. C’est ainsi que le roi d’Angleterre Henri III est reçu à Chartres en 1159, le pape innocent IV à Cluny en 1245… Vous aimez l’histoire, le patrimoine et l’art de vivre en Quercy, abonnez-vous à magazine DIRELOT directement dans notre boutique en ligne, vous soutiendrai ainsi une petite entreprise de presse régionale, 100 % indépendante, de tous groupes de presse. Rendez-vous dans notre boutique en ligne sur le http://www.direlot.fr pour recevoir votre magazine chez vous.

Texte et photos Anne Dubin – DireLOT Magazine