Suite et fin de notre article dont la première partie vous a été dévoilée dimanche dernier.
L’ouverture, à la rentrée de septembre par l’association « Pitchouns à Molières », d’une école maternelle hors contrat dans les locaux de l’école qui venait d’être fermée, est une expression forte du rôle attribué à l’école dans l’espace rural. « On ne résiste pas pour une logique comptable, mais humaine », souligne Stéphanie Cantaloube, sa présidente, ajoutant qu’en regroupant les élèves ailleurs « on perdrait énormément sur le dynamisme de la commune et tous les liens déjà créés. ». Et Françoise Dumont, gérante de l’épicerie-bar « Les trois marronniers » lancée par la mairie en 1998 après la disparition des commerces, d’ajouter : « Moi, on me retire l’école, je ferme à la fin de l’année. ». L’initiative pose à l’évidence la question du contrat social entre le citoyen et l’Etat, où l’on pourrait également parler de « fracture ». Comme pour les particuliers face au numérique, la réponse locale s’inscrit pour suppléer la puissance publique, de manière d’autant plus claire que le contexte est rural.
L’annonce, faite en septembre par la préfecture du Lot, de la fermeture définitive des guichets de permis de conduire et cartes grises, au profit de démarches en ligne, s’inscrit dans la même logique de déni rural. Quid de l’accès au numérique ? Selon l’Autorité de régulation (Arcep), seule la moitié des Français est éligible pour une connexion descendante d’au moins 30 Mbits/s. La ruralité figure sans surprise au bas du classement, avec l’Yonne, le Lot et la Creuse…
La ligne Paris-Cahors-Toulouse reconnue « prioritaire structurante »
Les déplacements, comme le commerce ou la santé, ont a aussi largement occupé les colonnes du DireLot. A l’instar du déploiement autoroutier et des dessertes ferroviaires. Un domaine que connaît bien Jean-Noël Boisseleau, vice-président d’« Urgence Ligne Polt », missionné expert ferroviaire par le Département du Lot, qui précise : « Au fil des années, la prise de conscience des enjeux liés aux dessertes de la ligne Paris-Toulouse a conduit à une mobilisation des territoires. L’une des actions emblématiques a été la création de l’association « Tous ensemble pour les gares » face à l’annonce de la suppression d’arrêts à Souillac et Gourdon. » Aujourd’hui, l’association « Urgence Ligne Polt » fédère les territoires œuvrant avec les élus locaux auprès des instances parlementaires, des ministères et de la SNCF. « Un travail de longue haleine, souligne Jean-Noël Boisseleau, mais très positif avec des avancées importantes. En six ans, nous avons rétablit les arrêts et obtenu la rénovation complète des rames Corail. » La récente qualification par l’Etat de « Ligne prioritaire structurante » pour l’équilibre des territoires marque un tournant. Un budget d’un milliard et demi d’euros a été alloué pour la rénovation des infrastructures et des voies. « Notre objectif est de relever les vitesses pour gagner une heure entre Paris et Cahors, tout en engageant le renouvellement des trains.»
Actifs et vigilants sur de nombreux fronts, les Lotois comptent sur la mobilisation de leurs élus. A défaut de nouveau modèle de la ruralité, le Lot s’offre un remodelage, une identité à la fois authentique et expérimentale. L’émergence de modes de production agricole alternatifs, de nouveaux métiers du service et du bien être, d’initiatives commerciales originales, de réflexion sur l’organisation de la santé… en témoigne aussi.
Pour ses dix ans, le DireLot posait la question « Comment retenir les jeunes ? », soulignant que « les jeunes du milieu rural continuent à être fascinés par la ville ; peut-être un jour l’horreur de la ville les fixera au pays, avec un bagage qui leur permettra d’agir. » Cette fascination serait-elle en voie d’érosion, y compris auprès des jeunes urbains ? La tendance à venir est peut-être là : plutôt que de maintenir, simplement accorder leur place aux jeunes d’ici comme à ceux venus d’ailleurs…