Envie de planifier votre future escapade à l’écart des sentiers battus ? Prenez la tangente du Vers. Au fil de ses eaux émeraudes et ses cascades pétrifiantes, ce séduisant affluent du Lot dissimule un patrimoine feutré : de paisibles villages et d’innombrables moulins, jusqu’à deux des plus beaux témoignages de l’Antiquité dans le Lot.
C’est un sillon encore timide, le prolongement d’un chevelu de ruisseaux au sud de Labastide-Murat, au creux duquel repose le village, au nom déjà évocateur, de Saint-Sauveur-la-Vallée. À peine née, la petite rivière du Vers a vivement entrepris son cours bordé d’aulnes, auxquels elle doit son nom (le mot gaulois verno, lo vernhe en occitan, désigne l’aulne).
Au bord de ces berges, au petit matin, Thierry et Sylvie Crépin viennent souvent faire décoller leur montgolfière. Ils trouvent là le point de départ idéal à l’abri du vent pour la plupart de leurs vols. « La vallée du Vers, c’est notre terrain de jeu, près de chez nous, explique l’aéronaute dont le « Clos des Dryades », sur le causse de Vers, propose aussi des gîtes et des chambres d’hôtes. D’ici, nous faisons découvrir le Parc naturel régional d’en haut. » Quel meilleur poste d’observation qu’une nacelle pour contempler en silence les prairies traversées de chevreuils, l’intimité des hameaux qui s’égrènent à la faveur des pechs ou le réveil de Saint-Sauveur-la-Vallée ?
À trois petits kilomètres de ce premier village, Saint-Martin-de-Vers jalonne à son tour la rivière. Ce seront les seuls bourgs de la vallée, jusqu’à la confluence avec le Lot, à Vers. Tous deux se blottissent autour de la silhouette massive de leur église médiévale, révélant les empreintes de leurs enceintes ancestrales.
Le Vers fait bien sûr le charme de ces villages de fond de vallée, traversés par le cours d’eau. Pour le meilleur et pour le pire : la dernière fois en 2008, une crue torrentielle inonda les deux bourgs. Mais cet épisode dramatique n’a nullement fait regretter à Anne Quintin et Julien Bertrand d’avoir acquis leur moulin en lisière de Saint-Martin-de-Vers. Dans leur salon, des pièces de bois d’origine rappellent les axes des meules, tandis qu’au sol une vitre laisse entrevoir le passage de l’eau et les vestiges mécaniques de leur bâtiment ancestral. « Il s’est arrêté en 1939, on l’a acheté dans son jus, expliquent-ils, il y avait des outils, des sacs… On a appris à le connaître. » Passionnés par leur patrimoine, ils l’ouvrent à la visite à l’occasion des Journées des moulins, en y invitant des artistes. Dans les combles, Anne y a installé son atelier de création de bijoux, ouvert sur rendez-vous. Ses pièces uniques ou en petites séries, exclusivement en argent, s’inspirent des vieilles pierres et de la nature. Curieusement, l’un de ses pendentifs rappelle la spirale striée d’une meule de moulin.
Arrivés en 2003, ils ont craqué pour le village : « le besoin de déconnecter, de se mettre à l’écart ». Un objectif vite atteint dans cette vallée du bout du monde. « So cosy », pourraient ajouter John et Hillary Hoyland pour décrire leur lieu de vie. Venus par hasard à Saint-Martin-de-Vers, ils peignent ici depuis trente ans ; eux aussi ont été conquis par l’ambiance intimiste de la vallée, comme le laissent transparaître leurs tableaux. « Il y a un peu de cocooning ici », ironise John, préférant pour sa peinture la perspective feutrée des versants du Vers à celle des horizons du Causse.
La quiétude des lieux est aussi sans conteste l’un des principaux atouts de l’unique camping de la vallée. Il en partage d’ailleurs la discrétion, à peine signalé de plusieurs enseignes estampillées de sigles inhabituels. C’est tout le charme du camping à la ferme, et de l’accueil aux accents hollandais de… pour découvrir tous nos reportages et partir sillonner les routes et chemins du LOT, abonnez vous à nos magazines directement dans notre boutique en ligne !
Texte et photos christophe PELAPRAT