Notre société a érigé l’indépendance et l’individualité en marqueurs ultimes de la réussite. Le parcours classique, souvent salué, mène à l’acquisition d’un espace personnel maîtrisé – le foyer, sanctuarisé par l’acte notarié – comme l’aboutissement d’une trajectoire. La propriété, c’est l’autonomie… pourtant…
Pourtant, la montée en puissance de la colocation intergénérationnelle et professionnelle, nous pousse à interroger la pertinence de ce modèle. L’expérience de certains individus, loin d’être un pis-aller financier, révèle une quête de valeur plus subtile, et peut-être plus essentielle.
Juliette, Joseph, Simon et les autres ne choisissent pas la colocation par défaut ; ils la sélectionnent comme une stratégie de vie. Ils accèdent à des prestations immobilières qu’ils ne pourraient se permettre seuls, certes, mais surtout, ils investissent dans le capital le plus précieux et le plus rare de notre époque : le lien social spontané et régulier.
Dans nos vies souvent planifiées à l’excès, où l’emploi du temps est optimisé pour maximiser l’efficacité professionnelle et familiale, nous risquons l’isolement, même entourés. La colocation, dans sa forme moderne, devient un antidote puissant à cette solitude discrète. Elle est l’éloge d’une saine porosité : celle qui permet l’échange d’idées, le soutien face aux imprévus (la séparation de Simon, par exemple), et l’enrichissement par la confrontation bienveillante des parcours.
Le véritable luxe n’est-il pas, aujourd’hui, de s’affranchir de la double peine de notre réussite : l’obligation de l’autosuffisance et le risque d’un isolement doré ? De disposer d’un filet de sécurité humain, plus fiable que n’importe quel montage financier ?
Ce choix, qui bouscule l’orthodoxie bancaire et notariale – comme le témoignent les difficultés rencontrées par nos protagonistes – est une invitation à reconsidérer nos priorités. Il ne s’agit pas de renoncer à ce que vous avez bâti, mais d’ouvrir la réflexion sur ce que vous pourriez partager pour grandir.
Et si l’audace contemporaine ne résidait plus dans la construction du mur le plus haut, mais dans l’art d’ouvrir une porte vers l’inattendu et l’entraide ? Une question stimulante, à méditer.
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