Quel point commun entre Puybrun, Rudelle, Cazals ou Beauregard ? Aux quatre coins du département, bastides et villes neuves ont laissé leurs traces en témoignant d’un grand élan d’urbanisation des campagnes au Moyen âge. Mais derrière ces termes génériques, chaque cité a son histoire.
Bretenoux doit son attrait à son cœur de ville médiéval et en particulier à la Place des Consuls, l’ancien mercadial, la place marchande de la cité, ceinturée de couverts à arcades et encore pavée de galets en calade. Là se croisent les deux longues rues principales, larges carreyras prévues pour les chars, recoupées de voies étroites à vocation piétonne, les carreyrous. Au sein des îlots d’habitation carrés, des andrones ou venelles séparent les maisons de minces espaces coupe-feu, autrefois réceptacles des eaux usées et des déchets. « La ville neuve de Bretenoux est demeurée complète et a conservé de nombreux vestiges. Son plan en damier bi-axial, organisé par les deux voies qui bordent la place centrale, est typique de ces cités du Moyen âge, explique Michel Souilhé, passionné par l’histoire de sa ville. L’évolution significative de l’urbanisme de cette période, c’est que la place marchande devient le point névralgique, au lieu d’un monument religieux ou d’une place forte. »
C’est à la fin du 13e siècle que le baron Guérin de Castelnau fonde ici la Villa franca da Orlinde (Villefranche d’Orlinde), sur des terres de sa possession au bord de la Cère. Cette ville neuve est un projet d’aménagement économique, au service du commerce local. Pour y attirer la population et de la main d’oeuvre, le seigneur local y concède des libéralités (un lot à bâtir, des terres à travailler…) ; dès 1277, une charte de coutumes définit les règles de vie et d’organisation interne : les habitants pouvaient y élire quatre consuls chargés de répartir l’impôt et d’assurer la sécurité. « Aujourd’hui, on appellerait ça une zone d’aménagement concerté », commente Michel Souilhé, qui s’attache à sensibiliser ses concitoyens à l’histoire de Bretenoux. À son initiative, la ville a accueilli l’exposition itinérante « Bastides, des villes neuves en Quercy » réalisée par le Département en 2017, un outil pédagogique pour découvrir et comprendre ce phénomène d’urbanisation médiéval dans lequel s’est inscrite la création des bastides et autres villes neuves.
Un phénomène d’urbanisation médiéval
Bastide. Le mot est connu, voire banalisé. Il évoque bien souvent un imaginaire moyenâgeux, une cité idéalisée, une architecture magnifiée. L’étude de cette forme urbaine par les architectes et les historiens du 19e siècle a contribué à lui donner une image théorique, à l’ériger en un modèle unique et finalement abstrait. C’est aussi le symbole d’un sud-ouest touristique, le vecteur d’une promotion patrimoniale, comme en témoignent plusieurs communes, dans le Lot ou ailleurs, estampillées d’un panneau « Bastide ». la suite prochainement sur le www.direlot.fr
Texte et photos Cpelaprat-DireLOT