D’Espalion, on ne voit que lui. De son promontoire, le château fort de Calmont d’Olt domine la vallée du Lot depuis dix siècles. Sorti de ses ruines il y a trente ans, c’est un lieu à nouveau bien vivant au service de l’histoire, de la connaissance et de la transmission.
Depuis Calmont (« le mont chauve »), le regard porte à l’infini. A ses pieds s’étale la ville d’Espalion et le vaste sillon du Lot, en face s’expose l’Aubrac. L’emplacement stratégique est indéniable. Le site fortifié, profitant du socle solide de ce piton basaltique issu d’un ancien volcan, mêle les couleurs des terres qui l’entourent : le basalte sombre extrait sur place, le grès rouge qui marque la vallée, mais aussi les calcaires clairs du Causse.
Si l’on ignore le nom de ceux qui firent de ce lieu une première place forte, dont le cartulaire de Conques a gardé la trace au 9e siècle, l’on connaît depuis l’an mil tous les seigneurs qui l’ont occupé, ceux de la lignée des Calmont d’Olt, l’une des plus anciennes baronnies du Rouergue, dont le dernier représentant ne fut autre que Raymond de Calmont d’Olt, évêque de Rodez et maître d’œuvre de la cathédrale de cette ville. On leur doit l’édification du premier donjon en pierre au 11esiècle, ainsi que de la « tour longe » attenante dont on n’a aujourd’hui que les ruines.
Quant aux Castelnau-Bretenoux, qui héritèrent du site après l’extinction des Calmont d’Olt faute de descendance en 1298, l’on peut leur attribuer le mérite de n’avoir rien fait : cette puissante famille issue du Quercy délaisse le château au profit d’un lieu plus confortable, à St-Côme d’Olt ; Calmont n’héberge qu’une garnison, pour laquelle l’on ne juge pas utile de réaménager le fort. Grâce à cela, ce dernier garde son aspect d’origine.
Ce n’est qu’au 15e siècle, lors de la Guerre de cent ans, qu’une deuxième enceinte s’ajoute au premier château. Huit tours dotées de tente-deux meurtrières viennent adapter la fortification à de nouvelles exigences de défense. La fin des premiers châteaux forts s’amorce : une tour carrée est désormais trop fragile face à une artillerie plus efficace. Les créneaux disparaissent, les murailles, moins hautes, s’arrondissent, et des archères canonnières offrent des couloirs de tir à un nouvel arsenal à poudre, ancêtre des fusils.
Un cœur architectural du 11e siècle augmenté de constructions plus tardives.
Ces pages d’histoire font la singularité de Calmont d’Olt, et sa rareté dans la région : un site ayant conservé un cœur architectural typique du 11e siècle, tout en étant augmenté de constructions plus tardives du 15e.Lorsque Thierry Plume le rachète en 1987, il ne soupçonne pas toute l’étendue de ces ruines enfouies dans une phénoménale masse de matériaux, masquées par une végétation rampante. « Je cherchais à comprendre le fonctionnement de ces murs, dont je ne voyais que la partie émergente », se souvient ce passionné d’architecture médiévale, pour qui la butte de Calmont d’Olt, au pied de laquelle il habitait, était un terrain de jeu. A la suite d’un projet d’hôtel-restaurant avorté, l’opportunité se présente d’acquérir ce château : une situation improbable pour celui qui, tout en brûlant de vouloir sauver le site, n’avait ni les moyens ni la prétention d’en devenir le propriétaire. « Je n’ai jamais eu d’autre idée que d’en faire un lieu d’interprétation, un projet de valorisation et de transmission. Un château est l’illustration d’un système de défense, moi je voulais montrer comment il était attaqué, à l’époque il n’existait pas de lieu de démonstration de ce… pour découvrir notre dossier complet, commandez notre magazine ITINERANCES ici : https://direlot.fr/boutique/itinerances/hs-itinerances-2019/
Textes Ch Pelaprat – Itinérances mag