RDV au cinéma l’Uxello, à Vayrac !
Le colloque « Sauver le sourire de la Joconde », initié par le Centre des monuments nationaux, est organisé en partenariat avec le Pays d’art et d’histoire Causses et Vallée de la Dordogne et le cinéma l’Uxello et avec le soutien de la mairie de Vayrac.
Son objectif est de présenter les recherches menées sur les dépôts des musées dans le Sud-Ouest de la France et leur gestion quotidienne pendant la Seconde guerre mondiale.
La programmation scientifique en a été réalisée par Nathalie Neumann, chercheuse franco-allemande et supervisée par Christina Kott (Université Paris-Panthéon-Assas).
Contexte historiques et état des recherches
Contrairement à ce qui se passait dans la zone occupée de la France, avec un interventionnisme nazi très direct, le Sud-Ouest était en zone « libre », sous le régime de Vichy, jusqu’en novembre 1942. Cela a entraîné des différences significatives dans les conditions d’évacuation d’œuvres des musées, la gestion et l’organisation de leurs dépôts en zone libre.
Les dépôts, en zone occupée comme en zone libre, étaient souvent situés dans des châteaux ou de grandes demeures privées réquisitionnés, témoignant d’une relation étroite entre les notables locaux et les représentants des institutions culturelles, notamment la direction des musées nationaux et le service des monuments historiques. A l’instar des abris d’œuvres d’art de la zone occupée, les dépôts du Sud-Ouest ont bénéficié du soutien du service de protection de l’art (Kunstschutz) de l’armée allemande (Wehrmacht). Les saisies opérées par les nazis y ont été peu fréquentes, même si on note quelques cas de vols, comme celui, assez spectaculaire, du célèbre retable de Gand au château de Pau en 1942.
Les conservateurs français développaient par ailleurs, à l’insu de l’occupant, des stratégies pour protéger certaines œuvres, mais aussi des hommes et des femmes. Il s’agissait, entre autres, d’employer du personnel muni de fausses cartes d’identité ou de travail, pour lui permettre d’échapper au Service du travail Obligatoire (STO), ou de protéger des déserteurs, ou encore d’étiqueter sous de fausses identités des caisses appartenant aux grands collectionneurs juifs et ainsi éviter les spoliations.
La situation des dépôts du Sud-Ouest en milieu rural a souvent permis au personnel des musées d’entretenir des liens étroits avec la population locale, ce qui fut déterminant pour faciliter une vie quotidienne marquée par des difficultés de toutes sortes liées au contexte de guerre et d’occupation.
L’organisation de ce colloque est liée à l’actualité :
– Les 80 ans de la Libération et les événements commémoratifs associés à cet anniversaire
– Le dépôt récent aux Archives nationales du journal de bord du chef du dépôt du Louvre à Montal, René Huyghe (1906-1997)
– L’ouverture au public d’un espace de médiation sur la présence des collections du Louvre au château de Montal, de 1943 à 1945.
Ainsi, l’objectif du colloque vise à témoigner des engagements individuels et collectifs parfois risqués, d’hommes et de femmes au service du patrimoine et de sa protection, d’hier à aujourd’hui, ici et ailleurs.
Un colloque dans un cinéma
Le déroulement permettra de réunir des experts pour évoquer l’état des connaissances sur les dépôts d’œuvres, quelles que soient les provenances des collections et le type de bien culturel mis à l’abri. Il s’agira de discuter des sources, méthodologies et formes de présentation des recherches, notamment à travers des conférences, des expositions et des publications pédagogiques. Des moments d’échanges et de débat sont prévus avec le public, y compris les jeunes générations, pour les sensibiliser à la portée de ces actes en période de conflits. Le programme comprendra des présentations d’experts le premier jour, une table-ronde le deuxième jour, ainsi que des projections de films et documentaires autour de la thématique, au cinéma l’Uxello de Vayrac qui accueille l’événement dans son intégralité. L’accent sera mis sur les événements qui concernent le territoire de Cauvaldor.
Le titre du colloque « Sauver le sourire de la Joconde » servira de fil conducteur aux débats.
Il rappelle l’énigmatique sourire de Mona Lisa, le célèbre trésor national abrité au château de Montal de 1943 à 1944. Enfin, ce thème mettra en lumière l’importance de l’investissement personnel et de la coopération des professionnels pour s’entendre sur les bonnes pratiques de préservation lors des conflits. Ce titre soutient également que, dans les contextes difficiles, sauvegarder le patrimoine culturel reste un engagement incontournable pour les générations futures.
L’organisation de ce colloque au cinéma l’Uxello offre aussi l’occasion de montrer la portée du sujet dans le cinéma actuel et sa richesse dans la production documentaire.
L’événement a reçu le label du 80e anniversaire de la Libération par le Comité départemental du Lot et bénéficie des mécénats du Château de La Treyne et du Domaine de Bel-Air.
Programme détaillé
Vendredi 11 octobre de 10h à 12h : Le contexte historique (1939-1949)
9h30 : Accueil
10h : Mots de bienvenue et présentation des événements sur le territoire de Cauvaldor
Conférences :
L’Exode du Musée du Louvre et son arrivée dans le Sud-Ouest à travers les exemples du château de Montal et de ses dépôts secondaires, Bétaille et Vayrac par Pascale Thibault et Sylvie Dusséaux (Centre des Monuments Nationaux)
Vivre et survivre au quotidien sur le territoire du Haut Quercy de 1939 à 1945 par Enzo Delpech et Charlotte Leroy (Musée de la Résistance du Lot)
Les dépôts de la Bibliothèque Nationale au château de Castelnau-Bretenoux par Pascale Thibault (Centre des Monuments Nationaux)
De la Lozère au Château de La Treyne, en passant par Montauban, le périple incroyable des collections Rothschild (1940-1945) par Benoit Kwietniak (Archives départementales de la Lozère)
Jean Lurçat, résistant dans le Lot par Nathalie Neumann (chercheuse indépendante)
Vendredi 11 octobre de 14h30 à 16h30 : Les châteaux du Sud-Ouest : autres exemples de dépôts d’œuvres et archives
Conférences :
L’évacuation des musées alsaciens à Périgueux et au château Hautefort et leur retour en 1941 par Deborah Fest-Kindler (conseillère indépendante en arts)
La mise à l’abri des œuvres d’art dans les châteaux bordelais par Philippe Souleau (Université d’Orléans)
Une exposition prétexte : le cas du retable de Gand au musée du château de Pau par Florence Saragoza (Musée national et domaine du château de Pau)
Vendredi 11 octobre de 18h30 à 22h30 : De la recherche à la fiction
Conférences :
18h30 : Protection ou surveillance ? Le Kunstschutz* et les dépôts artistiques (1942- 1944) par Christina Kott (Université Paris-Panthéon-Assas) * service de protection du patrimoine de l’armée allemande
19h30 – 20h30 : Pot de l’amitié
21h : Film Cœurs vaillants de Mona Achache, 2021, 85min, avec Camille Cottin.
L’Odyssée de six enfants juifs partis trouver refuge dans le château et le parc de Chambord.
Samedi 12 octobre de 15h à 22h : Les enjeux de la protection des biens culturels
en temps de guerre
15h – 17h : Table ronde
À partir des exemples présentés, quels sont les enjeux mémoriels et les enseignements à tirer ?
Les interlocuteurs aborderont notamment les pratiques à développer, les métiers et les acteurs de la protection des biens culturels aujourd’hui (Unesco, Le Bouclier bleu…) Avec la participation exceptionnelle de Claire Bonnotte-Khelil (Musée national des châteaux de Versailles et du Trianon)
18h – Documentaires
18h : La guerre du Louvre de Jean-Louis Bringuier, 52mn
21h : lllustre et inconnu : comment Jacques Jaujard a sauvé le Louvre de Jean-Pierre Devillers et Jacques Pochard 2014, 60min. Commenté par Mathieu Almaric
22h : L’espionne aux tableaux, Rose Valland face au pillage nazi, de Brigitte Chevet, 2015, 52min
Dimanche 13 octobre de 10h30 à 12h30 : Petit déjeuner / film-débat
Film :
9h30 : Accueil et petit déjeuner
10h15 : Les œuvres spoliées pendant la guerre et la recherche d’ayants-droit, débat et introduction au film avec Nathalie Neumann (chercheuse indépendante)
11h : Le tableau volé, comédie dramatique de Pascal Bonitzer, 2024, 91min Avec Alex Lutz et Léa Drucker.
Informations pratiques
Réservation conseillée à l’adresse sauverlesourireJoconde@gmail.com
- Conditions d’accès : Tout public.
- Adresse : Cinéma l’Uxello, Place du Cap del Let, 46110 Vayrac.
- Tarifs :
L’accès aux conférences est entièrement gratuit.
Films au tarif habituel du cinéma l’Uxello :
Plein tarif : 5,50€ / Tarif réduit ( lycéens, collégiens, étudiants) : 4,00€ / Enfant de – de 12 ans : 3,50€
Documentaires au tarif préférentiel : plein tarif 5 €
Renseignements sur chateau-montal.fr
Les partenaires
- Le pays d’art et d’histoire Causses et Vallée de la Dordogne, service Patrimoine de Cauvaldor
Labellisé Pays d’art et d’histoire en 2001, le Pays des Causses et Vallée de la Dordogne est situé au nord du Lot, au carrefour des régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine. Il s’étend d’est en ouest, le long de la Dordogne, de Sousceyrac à Souillac.
Il se compose de 77 communes, regroupées au sein de la communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne. Ce territoire conjugue les paysages des Causses de Gramat et de Martel, de pierres sèches et de pelouses sèches aux falaises calcaires riches de châteaux et villages médiévaux de la vallée de la Dordogne, en passant par les verts pâturages du Limargue et du Ségala.
Le label « Pays d’art et d’histoire » fait l’objet d’une convention avec le Ministère de la Culture. Il garantit la qualité d’un réseau de professionnels, animateurs et guides-conférenciers agréés. Ils connaissent toutes les facettes du patrimoine et savent le rendre accessible à tous à travers des animations diversifiées comme des visites, balades, ateliers ou spectacles.
L’équipe du service patrimoine de la communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne, labellisé Pays d’art et d’histoire, propose des animations pour les habitants du pays, les visiteurs mais aussi les enfants afin de leur transmettre l’amour du patrimoine de ce territoire d’exception.