Première grande exposition organisée Thomas Delamarre, le nouveau directeur de la Maison des arts Georges et Claude Pompidou, « La Cérémonie » regroupe du 20 mars au 29 mai peintures et sculptures de deux artistes offrant une saisissante vision allégoriquee du monde contemporain inspirée par l’univers symbolique de Moyen Âge.
Alison Flora et Floryan Varennes ne se connaissent pas, il·elle se rencontrent pour la première fois à l’occasion de cette exposition à la Maison des arts. Pourtant, leurs œuvres témoignent d’une inspiration commune : l’univers visuel du Moyen Âge occidental.
Alison Flora peint avec son propre sang, selon un protocole précisément encadré qui s’apparente à un véritable rituel. Les peintures réalisées avec cette substance à la forte charge symbolique révèlent un goût pour la mise en scène surréaliste. Certaines de ses œuvres les plus marquantes décrivent d’éloquentes figures féminines au cœur d’architectures d’inspiration gothique. Reflet de réflexions intimes de l’artiste, ces images ne manquent pas de résonner à une époque où l’on repense la place des femmes à travers l’Histoire.
Les œuvres sculpturales de Floryan Varennes évoquent le corps sans jamais le montrer. Ce sont ses attributs, de protection ou de contrainte, qui sont mis en scène. Armes en verre déposées sur un parterre de lavande, lettrage gothique découpé dans un papier irisé, salle d’armes ornée d’orthèses médicales, herse de château fort en cuir rembourré.
Si les motifs médiévaux sont bien récurrents dans l’œuvre de Floryan Varennes, la virilité qui leur est traditionnellement associée est repensée avec fragilité sous l’angle du soin, de l’érotisme et de l’ambivalence des représentations de genre.
L’exposition organise la rencontre inédite de deux artistes qui puisent dans l’univers médiéval des motifs et des figures propices à véhiculer leurs interrogations contemporaines.
ALISON FLORA
NÉ EN 1992
VIT ET TRAVAILLE À TOULOUSE
ALISON-FLORA.COM
Née en 1992, Alison Flora vit et travaille à Toulouse. En 2017, elle est diplômée (DNSEP) de l’école supérieure d’art et de design des Pyrénées à Tarbes. Elle a depuis participé à plusieurs expositions collectives : Drawing Room 017 dans le cadre du prix Jeunes talents MAIF (La Panacée, Montpellier, 2017), Sabotage dans le cadre du Baleapop festival #9 (Saint-Jean- de-Luz, 2018), Sorcières et Chamanismes (galerie La Papesse, Toulouse, 2020), MASS présentée par Goswell Road (Haus Wien, Vienne, 2021), Initiation Party (Ocean Hotel, Miami, 2021).
En 2021, elle présente sa première exposition personnelle à la galerie Sultana Arles : Relaunch the Dream Weapon, sur une invitation de Goswell Road qui publie à cette occasion sa première monographie, un choix de dessins issus de ses carnets de croquis, dont une sélection est présentée dans l’exposition à la Maison des arts. La Cérémonie est sa première exposition dans un centre d’art contemporain en France.
Alison Flora est également musicienne sous le nom de Sopoorific. Elle a publié en 2021 un premier album, en format K7 : Auras Around Humans, qui mêle cold wave, ambient et dungeon synth.
Au titre de ses influences, Alison Flora cite des références très variées : le peintre symboliste franco-polonais Boleslas Biegas, l’artiste et poète français, adepte de l’absurde et de l’humour noir, Roland Topor, ou encore la musicienne britannique Genesis P-Orridge, précurseure de la musique industrielle. Elle cite aussi pêle-mêle – révélant ainsi son goût pour les cultures populaires et alternatives – l’art brut, la littérature fantastique de JRR Tolkien ou d’Ursula Le Guin, les jeux vidéo et la musique black metal.
Depuis deux ans, l’artiste a démarré une nouvelle page dans sa pratique avec une série en cours d’œuvres peintes avec son propre sang, récolté selon un protocole précisément contrôlé. Les obsessions intimes de l’artiste s’y expriment à travers des images surréalistes qui revisitent des motifs partagés par la conscience collective, issus de représentations médiévales, de symboles ésotériques ou d’éléments de la culture populaire. Il en résulte un univers où mysticisme, médiévalisme, fantaisie et folie se mélangent. Le sang a joué, et continue de jouer, un rôle fondamental, et bien souvent ambivalent, dans toutes les civilisations. Son utilisation dans les peintures d’Alison Flora crée un sentiment d’intimité inédit entre l’artiste, l’œuvre et le spectateur.
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FLORYAN VARENNES
NÉ EN 1988
VIT ET TRAVAILLE À TOULON ET PARIS
FLORYANVARENNES.COM
Né en 1988 à La Rochelle, vit et travaille entre Toulon et Paris. Avec un double cursus de plasticien et d’historien, Floryan Varennes est diplômé d’un DNSEP de l’ESAD TPM (Toulon) en 2014, et de l’Université Paris-Nanterre avec un Master d’Histoire Médiévale en 2020.
Depuis 2015, Floryan Varennes a participé à plusieurs expositions collectives en France et en Europe comme au Salon de Montrouge (Fr), à la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée à Milan (It), au Voyage à Nantes (Fr), aux Arts Éphémères à l’occasion de la Manifesta à Marseille (Fr), à la Galerie Veda à Florence (It). Il a réalisé plusieurs résidences à la Synagogue de Delme de Lindre-Basse (Fr), à La Ferme-Asile à Sion (Sw), à Pollen à Montflanquin (Fr), au Centre Hospitalier de Chambéry (Fr), au Centre International d’Art Verrier de Meisenthal (Fr). Son travail a été publié dans plusieurs revues dont Artpress, Numéro Art, Art Viewers, Kuba Paris, Queer Circle, ART – Das Kunstmagazin, Revue 02, Ofluxo, Daily Lazy, Figure Figure, Libération, Scandale Project, Expo156, etc…
Dans le cadre de plusieurs expositions personnelles, il a eu l’occasion de montrer ses travaux et recherches : Alter-Héraut au centre d’art d’Istres, Ultra-Lésion à la Galerie des Musées de Toulon, Hard-Care à la Galerie du Centre Hospitalier de Chambéry et Violence Vitale à la Maison des métiers du cuir de Graulhet. En 2022, il intègre la collection des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse.
Floryan Varennes est lauréat du Prix Elstir pour l’Art contemporain et il est également lauréat du dispositif de résidences « Artiste en Entreprise » du ministère de la culture au Musée des métiers du cuir à Graulhet. Il est représenté par la Galerie Maëlle à Paris/Romainville.
La pratique artistique de Floryan Varennes prend la forme de sculptures, d’installations, de parures, d’écritures ou d’environnements olfactifs, auxquel·le·s l’artiste incorpore à la fois des savoir-faire ancestraux et des procédés technologiques contemporains. Il crée des extensions de corps appareillés et prothétiques, fragments sensibles et symboliques d’un corps social suggéré. À la source de sa réflexion et de sa pratique se trouve le souhait de l’artiste de déconstruire et entrelacer deux registres chronologiques distincts : l’histoire médiévale et les futurs science-fictionnels. Du Moyen Âge et des archives qu’il compulse, il exploite les marges et les échos, des systèmes de parades aux relations amoureuses en passant par les rapports guerriers. Des futurs spéculatifs, il explore la question du soin : avancées cliniques, matériaux chirurgicaux, actions thérapeutiques. Par cette combinaison singulière, Floryan Varennes donne forme à ses principales préoccupations : se décoller des essentialismes, en bouleversant les systèmes binaires et les savoirs institutionnalisés de la modernité occidentale. Du trouble à la violence, du soin à la guérison, du désir à l’amour, son parti-pris engagé est celui d’une attention aux entre- deux où se rejoignent des états contraires, des corps fascinants, des espaces de friction aux ambivalences électives.
Pour la préparation de l’exposition La Cérémonie, Floryan Varennes a bénéficié d’une résidence de quatre semaines aux Maisons Daura à Saint-Cirq-Lapopie, lieu de résidence de la Maison des arts Georges et Claude Pompidou.